Né à Vire (Calvados) en 1980, Julien Buot est diplômé de l’Institut d’études politiques de Lille et titulaire d’un master en médiation et ingénierie culturelle des territoires. Il dirige l’association Agir pour un Tourisme Responsable (ATR) depuis 2014. Il est également secrétaire général du réseau interprofessionnel des acteurs du tourisme durable. Il est membre du comité exécutif du Syndicat des Entreprises du Tour Opérating (SETO) et vient de rejoindre la commission développement durable du comité de filière tourisme mis en place par le gouvernement en 2020. Il commence sa carrière en 2001 en tant que rapporteur sous l’égide du Secrétaire d’État au tourisme, chargé de conduire la réflexion « tourisme et éthique » au Conseil National du Tourisme. Il travaille ensuite à l’organisation du 60e anniversaire du débarquement et de la bataille de Normandie, puis à la mise à l’agenda du tourisme durable des collectivités locales, avant de prendre la direction de l’Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire (ATES) de 2008 à 2013.
Les Maisons du Voyage n’avaient pas attendu la labellisation pour s’engager, à l’image des actions locales menées en partenariat avec l’Unesco dès les années 1990.
Depuis quand existe le label ATR et dans quel but a-t-il été créé ?
L’association Agir pour un Tourisme Responsable (ATR) a été créée en 2004. C’est en 2006 que le label voit le jour pour inviter les entreprises adhérentes à ne pas se contenter de discours et de quelques bonnes pratiques. Le label a donc été mis en place pour préciser les engagements du tourisme responsable et permettre aux voyagistes de faire la démonstration que les bonnes intentions se transformaient en actes. Puis un organisme indépendant a été sollicité pour évaluer les preuves de l’engagement des membres de l’association. Après AFNOR Certification sur la période 2006-2014, c’est Ecocert Environnement qui réalise depuis 2015 des audits de contrôle tous les ans.
En quoi un tour opérateur comme Les Maisons du Voyage est à la hauteur de l'enjeu ?
Les Maisons du Voyage ont démontré que les seize critères et quarante-deux indicateurs du label ATR étaient respectés. Dans ses relations avec ses clients, avec ses partenaires dans les destinations et avec ses équipes en France, le tour opérateur applique les bonnes pratiques exigées. Les Maisons du Voyage n’avaient pas attendu la labellisation pour s’engager, à l’image des actions locales menées en partenariat avec l’Unesco dès les années 1990. Mais le label ATR a permis de renforcer son système de management pour intégrer les enjeux du développement durable à toutes les échelles de l’entreprise.
Quels sont pour vous les défis auxquels devront répondre les Maisons du Voyage dans les prochaines années ?
Le premier des challenges en cette « époque épique » est de traverser sans trop d’encombres cette « révolution » que représente la pandémie de COVID-19, à travers le monde en général et pour les opérateurs de voyage en particulier. L’autre défi auquel l’entreprise a commencé à s’atteler : la lutte contre le changement climatique. En effet, le tourisme génère des émissions de CO2 et il est de la responsabilité des Maisons du Voyage d’évaluer, réduire et compenser son empreinte carbone en général et celle liée aux déplacements en avion en particulier. Il est d’ailleurs possible d’associer les voyageurs à cette démarche en leur proposant de contribuer à des projets de solidarité climatique mais aussi en les invitant à choisir des voyages plus sobres en carbone.
Pourquoi est-il nécessaire de voyager ?
Nous avons toujours voyagé. Mais la démocratisation du tourisme, depuis un siècle environ, a accentué les effets tant positifs que négatifs des vacances. Nous partons de plus en plus loin et de plus en plus souvent dans une planète de plus en plus peuplée et dont les ressources sont limitées. Il s’agit donc de voyager (peut-être moins mais) mieux, avec des professionnels qui font la preuve de leur engagement à optimiser les impacts des voyages. Les dérives du tourisme sont souvent exagérées par les médias qui occultent trop rapidement les nombreuses vertus des voyages. Le tourisme, « passeport pour la paix », favorise les échanges interculturels. Le poids économique du secteur, facteur d’emplois non délocalisables, a été révélé au grand jour pendant le confinement lié à l’épidémie de coronavirus. Le tourisme donne aussi de la valeur à l’environnement tant naturel que culturel et humain des destinations et exige de les protéger pour perdurer. Les voyages nous permettent de faire l’expérience sensible du monde et de ses habitants. La charte éthique du voyageur nous invite à aller au-delà pour « témoigner des richesses et des fragilités de notre planète ».
Comment imaginez-vous le tourisme de demain ?
Comme le disait déjà Yves Godeau, membre fondateur et Président d’honneur de l’association ATR, « le tourisme sera responsable ou ne sera pas ». L’ensemble des professionnels du voyage comme des voyageurs doit donc s’engager dans des modes de production et de consommation des voyages compatibles avec la triple condition du développement durable. Premièrement : être équitable, c’est-à-dire lutter contre toutes les inégalités. Deuxièmement : être vivable, à savoir habiter des lieux où on peut vivre et non survivre. Troisièmement : être viable, pour répondre aux besoins de tous les habitants de la planète sans compromettre les besoins des générations futures. C’est un chemin incontournable, une voie de progrès qui exige de l’engagement mais aussi de l’humilité ». « L’important ce n’est pas la destination, mais le voyage pour y parvenir » pour reprendre la formule de l’écrivain voyageur Robert Louis Stevenson. Quel beau défi que de se mettre toutes et tous en chemin pour faire des voyages non pas un problème mais une solution pour continuer de bâtir un monde durable !