Retour de mission de Tena
Le développement durable est au cœur de nos voyages. Avec la Fondation GoodPlanet, nous soutenons un programme de reforestation et d’agroforesterie en Équateur. Quels sont les premiers résultats ? Claire Sellier, chargée de projets agroforesterie de la Fondation GoodPlanet, est de retour de mission de Tena, en plein cœur de l’Amazonie, où elle a passé 6 jours à étudier et travailler avec l’association franco-équatorienne Ishpingo, notre relais sur place. État des lieux.
Il faut sensibiliser et rendre autonomes les agriculteurs et les associations de producteurs pour que notre action soit pérenne.
Pourquoi un projet d’agroforesterie en Équateur ?
Claire Sellier : Notre intervention vise à reboiser des zones dégradées en mettant en place un modèle d’agroforesterie durable, mêlant forêt et culture locale biologique. Il s’agit d’améliorer la qualité des terres dans cette région où l’érosion du sol est importante du fait de la pluviométrie, de préserver les ressources naturelles et la biodiversité et d’accroître le niveau de vie des Kichwas qui vivent ici.
Quelles cultures sont privilégiées ?
CS : Au départ, on a planté du bois d’œuvre, dont le bénéfice est à long terme. Pour améliorer la vie quotidienne des habitants à plus court terme, on a décidé d’associer aux cultures vivrières - manioc, bananes plantain et maïs, bases de l’alimentation locale - des productions fruitières. Plus de 8 000 arbres fruitiers ont été plantés depuis 2017.
Concrètement, comment se déroule l’intervention sur place ?
CS : Une minga est organisée avec les communautés qui souhaitent participer au projet. Pendant cette journée de travail collectif, une pépinière est installée. Certains débroussaillent à la machette, d’autres mélangent la terre au bokashi (engrais organique), préparent les sachets où pousseront les semences et mettent en place l’ombrière pour les jeunes plants. L’ambiance est très conviviale ! Après cette formation, les ingénieurs forestiers sur place accompagnent et apportent un appui technique ponctuel aux agriculteurs, qui entretiennent eux-mêmes la pépinière communautaire. Cet investissement des habitants est important pour que les exploitations soient pérennes.
Comment l’initiative est-elle accueillie par les agriculteurs ?
CS : Il y a une véritable prise de conscience de la situation et des ressources qui peuvent être tirées des fruits. Les agriculteurs sont de plus en plus motivés parce que leurs revenus augmentent réellement et ils y voient un capital qu’ils constituent pour leurs enfants. 200 familles sont concernées en 2018, et de plus en plus de communautés font appel à l’association pour installer des pépinières. Ishpingo a déjà des demandes pour 12 pépinières au lieu des 7 prévues.
Quels sont les résultats aujourd’hui ?
CS : On se réjouit de l’excellent taux de survie du bois d’œuvre (83 %) et du bilan environnemental positif. Aujourd’hui, on est à un tournant du projet. Une nouvelle phase débute : celle de la transformation et de la recherche de débouchés. Les pulpes de fruits, par exemple, servent pour faire des cocktails, des glaces, des desserts. L’ishpingo, la cannelle amazonienne, permet d’élaborer de l’huile essentielle, utilisée en aromathérapie. Après différents essais et séances de tests à l’aveugle auprès des consommateurs, les recettes des confitures d’araza et de guayabilla ont été déterminées. La marque Mishkimama a été créée. On œuvre à l’organisation de la structure de vente et à la constitution d’un réseau de clients : restaurants, hôtels, magasins... Le marché pour les confitures et les pulpes est concentré sur la région touristique de Tena pour l’instant.
Quelle est la prochaine étape ?
CS : La production est aujourd’hui très artisanale. L’idée est de développer les procédés de transformation, en construisant et en équipant une fabrique, et de vendre à plus grande échelle, au niveau national (pour les confitures et les pulpes) et à l’export (pour l’huile essentielle d’ishpingo). En parallèle, le reboisement et la formation se poursuivent, les associations de producteurs sont renforcées pour que les paysans soient autonomes et entretiennent les parcelles existantes. Le transfert de compétence est essentiel.
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