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Tenosique, un carnaval mexicain unique au monde

Céline Lebaudy, collaboratrice des Maisons du Voyage, a posé ses valises à Mexico où elle conjugue sa passion de la photographie et de l'Amérique latine. Elle vous propose de découvrir un secret bien gardé : le carnaval de Tenosique, dans l'État mexicain de Tabasco. Focus sur le regard affectueux qu’elle porte sur son pays d'adoption au travers une exposition digitale inédite rendant hommage à cet événement unique au monde, perpétué chaque année grâce au travail de centaines de bénévoles qui veillent à préserver la tradition.

Entre traditions et folklore, le carnaval de Tenosique, célébré depuis l’époque préhispanique, est un patchwork mouvant et coloré

Journal du carnaval

« Le soleil est au zénith, la chaleur écrasante. Appareil vissé au poignet, objectifs dans le sac, les sens grands ouverts, je plonge mon regard en plein cœur du décor coloré du Mexique préhispanique. Mon œil virevolte et se gargarise à 360 degrés de cet évènement confidentiel, le carnaval le plus bizarre du monde, le carnaval de Tenosique ».

Entre 3 et 6 semaines en janvier et février, c’est un rendez-vous annuel très attendu et l’occasion de faire la fête pour de nombreux Mexicains. La bonne humeur villageoise est omniprésente. Une ambiance légère et joyeuse où la tradition tient néanmoins sa place.

« J’en prends plein les yeux. À mesure que j’approche de la place principale, je sens la palpitation grandissante de la fiesta. Dans les rues du village, je me faufile au milieu d’un délicieux capharnaüm multicolore mobile pour en capter chaque instant. »

Ce carnaval surprend par ses costumes insolites faits de végétaux, ses masques en bois allégoriques et ses danses rituelles ancestrales. Les carnavaliers investissent les rues où les intrigants « Cojóes » défient les inquiétants « Jaguares », où les charmantes « Pochoveras » fascinent par leur élégante beauté.

« Une heure avant le début du show, la foule se presse pour réserver quelques centimètres de gradin, déjà bondés au bout d’un quart d’heure. Les glaces multicolores fondent au soleil et les éventails s’agitent. Les bribes de conversation se multiplient et se superposent et se transforment en un joyeux vrombissement. Un roulement de tambour annonce le spectacle, la danse de El Pochó. »

S’avancent d’abord les « Cojóes », des boiteux aux masques de bois parés de costumes composés de hennequen et de feuilles de bananiers séchées. Ces personnages ont avec eux un long hochet de canne appelé « chikish », semblable au soi-disant Chicahuaztli de Nahuatl associé à des cérémonies implorant la pluie. Ces personnages portent généralement des récipients remplis d'eau, de talc ou de farine, avec lesquels ils baignent fréquemment les spectateurs. Ils transportent parfois de vieilles poupées (reines de carnaval), des souris ou des iguanes.

Suivent ensuite les « Pochoveras », personnages féminins coiffées de superbes chapeaux réalisés avec des fleurs de bougainvillées. Leur robe se compose d'une jupe longue à fleurs et d'un chemisier blanc à manches courtes orné de dentelle colorée. Dans le dos, en guise de petite cape, une sorte de bandana leur couvre les épaules.

Enfin arrivent les « Jaguares », traditionnellement appelés « tigres ». Leur tenue est composée d’un short et le reste du corps est recouvert d'une couche de peinture crème ou jaune, faite d'argile. L'effet des taches caractéristiques du jaguar est obtenu en imprimant des cercles avec un roseau ou le goulot d'une bouteille enduite de charbon de bois ou de peinture noire. Sur le dos, ils portent parfois la fourrure de ce félin attachée à la tête et à la taille.

Tout le monde est en place. L’intrigue commence. Les tambours et les piteros (genre de flûtes) résonnent. Tandis que les « Cojóes » et les « Pochoveras » dansent en formant des cercles, les « Jaguares » restent à l'intérieur, de plus en plus intrigants. Puis, tel un cheval qui se lance au trot puis au galop, le rythme s’accélère. Un tourbillon de fleurs, de végétaux et de cris s’élance pour représenter la purification de l’homme et de son interminable lutte entre le bien et le mal, se terminant par la mort del Pochó - ou Dieu maléfique - vaincu et brûlé le jour de Mardi gras.

« Les flûtent piaillent, les tambours grondent. Un patchwork mouvant et coloré défile alors devant mes yeux. Les spectateurs au premier rang sont taquinés, lancement de farine et intimidations feintes. Les cœurs de l’assemblée sont soulevés, les suffrages unanimes. Une ambiance incroyablement unique. Conquise ».

Exposition digitale "Tenosique, un carnaval mexicain unique au monde"

Une invitation au voyage sans sortir de chez soi, au travers les sublimes clichés de notre conseillère spécialiste de l'Amérique latine, Céline Lebaudy.

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