Le Bogotá de Silvia et Gabrielle
Fondée par les conquistadors en 1538 dans le cadre enchanteur de la cordillère des Andes, Bogotá est aujourd’hui une mégapole aux multiples visages. Grande comme une fois et demi New York, elle égrène les témoignages du lustre d’antan dans son centre historique, la Candelaria, des quartiers modernes et branchés hérissés de gratte-ciel et aussi des bidonvilles renaissants. Silvia et Gabrielle, spécialistes de l’Amérique latine, nous confient leurs découvertes et coups de cœur, dénichés lors de leur dernier séjour à Bogotá. Rencontre.
1- Quels souvenirs gardez-vous de votre voyage à Bogotá ?
Silvia : Pendant mon séjour à Bogotá, il y a trois choses qui m’ont marquée : la musique, le street art et l’accueil des Colombiens. La musique est omniprésente à chaque coin de la rue : les épiceries, bus, restaurants vibrent aux sons latino-américains de la salsa ou du vallenato. J’avais envie de danser tout le temps ! Après la musique, il y a les murs de Bogotá qui racontent des histoires d’une façon très particulière. On pourrait passer des journées entières à suivre les traces des graffeurs. Certains artistes très connus ont réussi à obtenir le soutien du gouvernement pour créer des projets sociaux autour des façades… Je suis restée admirative devant la force des pinceaux de certains de ces artistes. Enfin, j’ai été agréablement surprise de la qualité de l’accueil que j’ai reçu tout le long du voyage. À Bogotá, il y a cette joie de vivre dans l’air, contagieuse, qui m’a fait me sentir très vite très à l’aise, comme si j’étais chez moi.
Gabrielle : Deux souvenirs indélébiles pour moi : le patrimoine culturel de la Colombie, d’une richesse inestimable… et les spécialités gastronomiques ! J’ai eu la chance d’effectuer mon séjour en compagnie d’une guide francophone extraordinaire qui a su me conter l’histoire des civilisations précolombiennes avec beaucoup de précision. Quimbaya, Taironas, Muiscas ou Tolimas, chaque culture fait partie intégrante de la légende du pays de l’or. Côté cuisine, j’ai été émerveillée par l’arepa, délicieuse galette de maïs, par l’ajiaco ou encore par la diversité des fruits tropicaux, notamment la granadilla, qui s’apparente au fruit de la passion, et la tomate de arbol, si juteuse... C’est mon côté gourmand !
2- Quelles sont les visites incontournables à Bogotá ? Qu’avez-vous le plus aimé ?
Silvia : Mon coup de cœur : la cathédrale de Sel à Zipaquirá, creusée dans les parois rocheuses, pure folie d’artistes ingénieurs, un lieu unique au monde. J’ai aimé descendre à 180 mètres de profondeur et découvrir le chemin de croix. Le silence habite les lieux d’une façon fascinante. On avance doucement, sans faire de bruit… Dans l’enceinte de la cathédrale, nous avons été invités à vivre un moment relaxant au Spa Desal. Un moment de détente et de bien-être avec des produits faits avec du sel naturel de la mine. Une belle expérience sensorielle !
Gabrielle : Mon coup de cœur est sans aucun doute le musée de l’Or. Ses 34 000 pièces précolombiennes sont absolument magnifiques. J’ai été fascinée par le célèbre radeau Muisca, symbole du mythe de l’Edorado. Lorsque le chef d’une tribu accédait au pouvoir, une cérémonie avait lieu. Il était recouvert d’or et emmené sur un radeau vers le lac de Guatavita. Il jetait ensuite tous les objets en or dans le lac. C’est ce rituel qui a entrainé la ruée vers l’or. J’ai aussi beaucoup aimé la collection du musée Botero, dans une magnifique maison agencée autour d’un joli patio. On se laisse facilement transporter par le style particulier de l’artiste.
3- Engagées, Les Maisons du Voyage affichent une vision responsable du tourisme.
Y-a-t-il une initiative RSE que vous saluez à Bogotá ?
Silvia : Je suis allée à Ciudad Bolívar, dans la périphérie sud de Bogotá, l’un des districts les plus défavorisés de la capitale. Grâce à la « Ruta de la Esperanza », initiative communautaire gérée par la Fondation Nugesi21 et d'autres organisations, j’ai pu faire une visite guidée par de jeunes du quartier. Une expérience humaine très enrichissante, ponctuée de découvertes et d’échanges avec les habitants. Nous avons fait le circuit en presque 2 heures. Nous avons pris le téléphérique TransMiCable et survolé Ciudad Bolívar, un arc-en-ciel sans pareil : toutes les maisons ont été peintes en couleur pour donner un nouvel élan à la ville. Nous nous sommes baladés dans les quartiers de Mirador, Paraíso et Bella Flor. Ici, on est à 2 827 mètres d’altitude, la vue panoramique est imprenable. J’ai été émue face à des œuvres de street art spectaculaires, notamment celles du Colors Bogatá, qui occupent l’espace avec grâce et humilité. Un des moments les plus touchants de la visite a été la rencontre avec les enfants du quartier. Nous avons partagé un goûter ensemble, après avoir participé à un atelier de peinture de rue, un moment ludique, inoubliable. « Ciudad Bolívar n'est pas comme on nous la montre, mais comme nous la montrons ». C’est ce slogan de l’association qui résonne encore dans mon cœur : s’approprier des espaces où nous habitons, les embellir, lutter pour qu’ils restent un lieu d’opportunités et d’espérance...
Gabrielle : La visite du quartier de Barrio Egipto m’a beaucoup touchée. Accompagnée d’un guide local, ce dernier explique l’histoire de ce district en pleine reconversion sociale. Anciennement attaché à un sentiment d’insécurité, ce quartier s’est véritablement transformé pour laisser place à un avenir plein d’espoir. Cela s’est fait grâce à la volonté des anciens chefs de gangs de faire disparaître les frontières invisibles qui les séparaient autrefois. J’ai pu admirer chaque peinture de street art venant nous raconter une anecdote sur ce quartier à l’histoire difficile, notamment sur la jeunesse perdue. Ses habitants sont heureux de pouvoir accueillir des touristes aujourd’hui. C’est une belle initiative pour faire vivre à nouveau ce quartier.
4- Une adresse exclusive à partager ?
Silvia : Cumbia House, un lieu idéal pour vivre en musique l’allégresse colombienne. Géré par Carlos Vives, star de la musique latino-américaine, ce lieu m’a captivée par son ambiance festive et sa décoration. Ici, chaque mur rend hommage aux chanteurs et chanteuses du pays. Il y a des concerts et des dîners-spectacles tous les soirs. Avec un peu de chance, on peut voir le propriétaire du lieu lui-même jouer sur scène…
Gabrielle : La Casa Mama Luz, en plein cœur du quartier de la Candelaria. Mama Luz nous reçoit dans un lieu propice au partage et à l’échange, à l’ambiance chaleureuse, et sert l’ajiaco traditionnel : une excellente soupe de pomme de terre, accompagné de riz et d’avocat. On croirait manger chez notre propre Mama !
5- Quelles autres destinations recommanderiez-vous aux voyageurs visitant la Colombie ?
Silvia : Amatrice du café, je conseille le triangle du café colombien : Armenia, Manizales et Pereira. Et la province de Santander, notamment Barichara, qui, avec son architecture coloniale, est considéré comme le plus beau village du Colombie
Gabrielle : La ville de Carthagène et ses splendides maisons coloniales, son atmosphère afro-caribéenne envoûtante...
Voyage Bogotá
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