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Les grandes civilisations du nord Pérou

Sur la "ruta mochica"

Malgré l'environnement désertique de la côte nord du Pérou, l'eau précieuse en provenance des Andes a permis à une succession de puissants royaumes d'établir des grandes cités de sable que l'on redécouvre aujourd'hui. En effet, les plus prolixes des fouilles de l'archéologie moderne ont révélé les fastes de cour et les atours funéraires de ces grands seigneurs, pas si éloignés de ceux des pharaons d’Égypte… Grâce à la richesse des découvertes archéologiques de ces trente dernières années, la "ruta mochica" est aujourd’hui l’une des axes majeurs du monde précolombien. Retour sur 3 grandes civilisations et les sites qu’elles ont laissés en héritage, à visiter absolument.

Sur la côte nord du Pérou à environ 2h de vol de Lima, entre les villes de Chiclayo et Trujillo, l'océan fertile a permis l'installation et le développement de sociétés finement organisées dont la plus prestigieuse reste la civilisation Mochica.

Mochicas, les maîtres de l’or

Celui qui maîtrise l'or mène le peuple ! Les seigneurs des grands royaumes de sable au long de la côte désertique du nord du Pérou ont fait de ce pouvoir un emblème, source d'une magnificence inouïe que les archéologues découvrent depuis 1987, début d'une longue ligne d'excavations de fabuleux sites funéraires.

La civilisation Mochica (-100 à 600) née d’une fusion des cultures Viru, Cupisnique et Salinas, s’étend de Piura jusqu’à Ancash. Elle se caractérise par une élite et une administration solides, un haut niveau de développement technologique et artistique (céramiques, métallurgie, orfèvrerie, navigation, architecture, ingénierie hydraulique). Le dieu majeur « Aia Paec » est un dieu « décapiteur » représenté avec un couteau dans la main droite et une tête trophée dans la main gauche, que l’on retrouve largement symbolisé sur les fresques des pyramides.

 

À visiter :

Huaca de la Luna

Sur le site de l’ancienne capitale administrative et religieuse mochica, on découvre la Huaca del Sol, le plus grand édifice en briques d’adobe du Pérou, qui ne se visite pas, et surtout la Huaca de la Luna. Au sud de la ville de Trujillo, l’ancienne « capitale » mochica, où trône au pied de la montagne sacrée du « Cerro Blanco », le temple majeur de la culture mochica, la pyramide de la Lune. On y découvre que la technique de superposition architecturale à chaque avènement royal a permis la conservation de superbes bas-reliefs polychromes, dont certains représentent le terrible dieu « décapiteur » Ai-Apaec. Ici, sous l’œil du chef suprême se déroulaient des cérémonies rituelles souvent accompagnées de sacrifices, notamment lors d’épisodes climatiques exceptionnels. Quant aux pièces précieuses exposées dans le magnifique musée du site, elles mettent en exergue les croyances surnaturelles. Animaux, végétaux ou quatre éléments, tous prennent vie grâce à la maîtrise de céramistes hors pair.

Huaca Rajada-Sipan

Voici ce que l’on considère comme le détonateur qui révéla au monde la grandeur de la civilisation mochica. Pour la première fois en 1987 fut découverte une nécropole ignorée des "huaqueros" (les pilleurs de tombes), qui allait s’illustrer comme le trésor funéraire connu le plus fabuleux de tout le continent, souvent comparé à celui de Toutankhamon, car il fut aussi une source inouïe de savoir sur cette culture alors méconnue. En premier lieu, visite du site de la Huaca Rajada-Sipan, l’ancienne pyramide où furent excavées, jusqu’à 2010, un total de seize sépultures de dignitaires ayant vécu à diverses périodes. Reconstituées, elles permettent de saisir les codes du rituel funéraire. La plus richement décorée est sans nul doute celle du « seigneur de Sipan », la plus haute personnalité mochica connue à ce jour. Roi-prêtre-guerrier divinisé, il régna aux alentours du IIIe siècle de notre ère. A aussi été trouvé dans la tombe n°3, ce que les tests ADN révèleront comme son ancêtre direct, le « vieux seigneur de Sipan », évoquant ainsi des dynasties régnantes. Le musée créé en 2009 est consacré aux objets trouvés dans les trois dernières tombes fouillées (14, 15 et 16).

Musée des Tombes royales

À Lambayeque, voici l’un des plus beaux musées d’Amérique latine, le prestigieux "Museo Tumbas Reales". Il est consacré à la fabuleuse collection d’orfèvrerie trouvée dans les chambres funéraires de la Huaca Rajada-Sipan. Parfaitement mise en lumière, la sophistication de ces somptueuses œuvres d’art en or, argent, spondyle, turquoise, nacre et lapis-lazuli révèle toute la pompe utilisée par les hauts dignitaires mochicas. Dans cette profusion de pièces d’orfèvrerie (coiffes, pectoraux, colliers, bracelets, sceptres...) d’une beauté à couper le souffle, on saisit le haut savoir-faire des orfèvres mochicas.

El Brujo

En 2006, au cœur de la pyramide Cao Viejo du site d’El Brujo, fut découverte la tombe inviolée d’une jeune femme mochica que l’on nommera « la Señora de Cao ». Les insignes et les emblèmes de son trousseau funéraire (couronnes, diadèmes, massues, ornements de nez, colliers etc.), ainsi que les tatouages (serpents et araignées) sur son corps momifié parfaitement conservé, révélèrent son statut de haute dirigeante, fait inédit dans l’Amérique préhispanique. Datée du début du IVe siècle, à l’apogée mochica, le mausolée de cette grande prêtresse fut longtemps vénéré. Après le parcours dans la pyramide, notamment autour du tombeau encore décoré de fresques polychromes, le superbe musée permet d’admirer le trésor excavé. Notamment les ornements de nez en or et argent symbolisant la dualité, sacrée chez les Mochicas. Son corps repose à l’abri d’une salle dédiée permettant de voir ses saisissants tatouages. La science a permis de reconstituer en 3D le visage de celle qui restera pour toujours la première prêtresse-dirigeante américaine connue et révolutionna les connaissances sur la culture mochica.

Sican ou lambayeque, culture intermédiaire

L’époque sican (ou lambayeque) est une culture postérieure aux Mochicas, développée entre 750 et 1 150 après J.C., qui sera absorbée par les cultures chimu puis inca. La genèse de cette nouvelle société débute avec l’arrivée par la mer d’un roi légendaire, Naylamp, qui deviendra le nouveau dieu tutélaire.

À visiter :

Tucume

Le site monumental de cette vallée des pyramides, ancienne capitale initiée à partir du VIIIe siècle, se déploie sur deux-cent-vingt hectares et dévoilent vingt-six constructions en terre, héritage des structures palatiales en adobe de l’élite sican. Bien qu’ils aient beaucoup souffert des épisodes d’El Niño, ces désormais hauts tumuli de sable présentent à leur base certains bas-reliefs aux figures hybrides expressives, notamment sur la Huaca Las Balsas. Le musée, très moderne, permet de parfaitement visualiser et décoder les complexes décorations narratives des céramiques funéraires.

Museo Bruning

À Lambayeque, les salles du rez-de-chaussée sont consacrées à la découverte en 2011 de la chambre funéraire datant du XIIe siècle de la « Prêtresse de Chornancap ». Cette lointaine alter-ego de la « Señora de Cao » conforte l’idée qu’un pouvoir semi-divin fut transmis de femmes en femmes durant des centaines d’années, formant une élite dirigeante féminine inédite dans tout le monde préhispanique américain. Ce site de la Huaca Chonancap, proche de la côte, a permis de saisir la mise en scène rituelle de la fermeture du tombeau. Décédée à 45 ans, elle fut retrouvée dans une position assise, accompagnée de huit personnes. Son trousseau funéraire, comme les décorations d’oreilles en or ou les colliers de spondyle, coquillage orangée parmi les matériaux les plus précieux de l’époque, font preuve de son statut de haute dignitaire de la théocratie sican. Tout comme la « Dame de Cao », son visage a été scientifiquement reconstitué en 3D.

Chimu, l’autre grande culture pré-inca du Nord

Voici l’autre grande civilisation à découvrir au nord du Pérou depuis la ville de Trujillo. Développés entre 1 000 et 1 500, les Chimus furent les conquérants des Sican dont ils soumirent la capitale Tucume en 1375. À la suite de cette conquête, ils ont ramené les meilleurs orfèvres Sican dans leur capitale, Chan-Chan, d’où une certaine confusion entre les styles Sican/Lambayeque et Chimu, que l’on a différencié depuis grâce aux travaux d’une équipe japonaise à Sican. Les Incas, après leur conquête des Chimus en 1465, feront de même en envoyant les meilleurs artisans à Cusco. En effet, c’est sous les Chimus que les techniques de la métallurgie et de l’orfèvrerie se perfectionnent, avec la découverte de nouveaux alliages.

Surtout, la civilisation chimu se caractérise par une évolution de l’urbanisation et le développement d’un secteur administratif. C’est une société où le travail est très compartimenté entre agriculteurs, pêcheurs, potiers, tisserands et orfèvres, entre autres, où l’État a un rôle central de redistribution. Il organise les grands travaux (irrigations, constructions, etc.) et fournit des services à la population, en échange de sa force de travail et de sa production agricole et artisanale. On comprend que cette société influente depuis le sud de l’actuel Équateur jusqu’au nord de Lima fit la convoitise des Incas.

À visiter :

Chan Chan

L’ancienne capitale chimu est la plus grande agglomération préhispanique du continent, classée par l’Unesco. À seulement 15 minutes de route au sud de Trujillo, au milieu du désert face au Pacifique, Chan-Chan fut initiée vers 1300. Il s’agit en réalité d’un immense ensemble de plusieurs cités, car chaque souverain en faisait construire une nouvelle pour son avènement. Le site est donc très étendu (28 km2) pour une population estimée à 60 000 habitants. Aujourd’hui, on ne visite qu’une seule de ces anciennes cités, la citadelle Tschudi, du nom de l’archéologue allemand qui l’a fouillée. Contrairement aux pyramides mochicas qui s’empilaient dans la verticalité, les Chimus jouèrent sur l’horizontalité. On déambule ainsi d’un espace à l’autre : corredor, grande esplanade, salles administratives, entrepôts, cimetière... Le tout édifié avec des lignes épurées, décorées de motifs marins très stylisés, qui lui confèrent un cachet esthétique inédit en Amérique du Sud.

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