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Quatre saisons au Japon

Des fleurs de pruniers et de camélias à la fin de l’hiver, aux couleurs chatoyantes de l’automne, en passant par les fleurs de cerisiers, les azalées, les glycines, les hortensias, les iris, les lotus... Le Japon au fil des saisons est une symphonie de couleurs et de parfums enivrants. Notre collaboratrice Marie, responsable de production Asie et amoureuse du Japon qu’elle a parcouru à maintes reprises, nous parle de son amour immodéré pour cette tradition japonaise des floraisons, souvent sacralisées par les Japonais. Elle nous démontre qu’au-delà des célèbres cerisiers au printemps, nombre d’autres essences toutes aussi remarquables fleurissent en toute saisons et partout dans le pays du soleil levant, et nous dévoile ses conseils et lieux coups de cœur pour en profiter !

Les Japonais se montrent très respectueux et sensibles à ces instants précieux où temps et floraisons reflètent l’impermanence de la vie. Hanami, « regarder les fleurs », ou Momijigari, « la chasse aux feuilles rouges », témoignent de cette inclination pour la contemplation.

Le printemps au Japon est lié à un véritable phénomène culturel...

Oui, c’est le Hanami, une coutume qui remonte à l’antiquité et qui consiste à « regarder les fleurs ». Les fleurs de cerisiers, appelées Sakura, ont pris tellement de place dans le cœur des Japonais que l’expression incarne aujourd’hui la période de floraison des cerisiers. Lorsque les arbres passent des bourgeons aux fleurs, le printemps est de retour et il n’y a pas une minute à perdre pour profiter de ce spectacle fascinant et très court : deux semaines, parfois moins si la pluie et le vent décident d’entraîner les pétales au sol, en un tapis rose pâle. Les familles japonaises se rassemblent alors sous les arbres autour d’un pique-nique et apprécient ce moment féérique, presque divin. Les cerisiers en fleurs sont pour eux le symbole du renouveau et représentent l’aspect éphémère de l’existence.

La région de Kyoto et de Nara est un spot idéal pour apprécier cette période très joyeuse et festive, malgré la foule. En pleine saison, Geisha et Maïko (apprenties Geisha) dansent en l’honneur des sakura et le soir venu, des marchés de nuit s’installent dans les parcs, alors que les cerisiers sont sublimés par la lumière des lanternes. Le mont Yoshino, situé à 2 heures environ au sud de Kyoto, dont les chemins de pèlerinages sont classés au patrimoine de l’Unesco, compterait 30 000 arbres… Si vous arrivez début mai au Japon et que vous souhaitez avoir encore une chance de fêter Hanami, dirigez-vous vers l’île la plus septentrionale, Hokkaido.

Que réservent les mois suivants ?

Entre fin avril et septembre suivent toutes les autres floraisons. C’est une période un peu moins fréquentée que la fin mars et le mois d’avril, et pourtant idéale en termes de paysages pour se rendre au Japon. Aux tons rouges et fuchsias, les azalées sont partout, chez les particuliers, dans les jardins, mais l’une des plus belles adresses pour les apprécier reste sans doute le sanctuaire Nezu à Tokyo. Au même moment, de magnifiques glycines parfument les jardins… ».

Proche de Kyoto, le temple Mimurotoji d’Uji est connu pour son parc de cèdres dans lequel se succèdent différentes fleurs : azalées début mai, fleurs de lotus entre juillet et août, en passant par cinquante espèces d’hortensias en juin, qui annoncent le début de l’été… Un spectacle envoûtant. Beaucoup d’hortensias viennent du Japon et l’ancienne capitale Kamakura, proche de Tokyo, en compte un certain nombre.

Pour admirer, en juin, les nuances mêlées de blanc, jaune, violet, bleu et même parfois rose des iris - l’une des fleurs préférées des Japonais -, il faut se rendre au parc du sanctuaire Meiji Jingu, situé dans l’hyper-centre de Tokyo, ou plus en retrait, dans la banlieue de Tokyo, où les parcs de Mizumoto et Horikiri accueillent chaque année le festival des iris.

À partir du mois de juillet, on retrouve les iris du côté de Sapporo, sur l’île d’Hokkaido, une région qui permet également d’éviter les fortes chaleurs et les pluies de l’été. À ce festival de couleurs s’ajoutent celui des arbres fruitiers. Le Yuzu, pour n’en citer qu’un parmi tant d’autres, fleurit en mars et avril mais ses fruits n’apparaissent qu’entre septembre et novembre ; un subtil mélange d’arômes de différents agrumes...

Parlez-nous des fleurs de lotus...

Dans l’histoire du Japon, les fleurs de lotus prennent une place importante. Symbole religieux de réincarnation, il faut être matinal pour pouvoir les contempler ouvertes. Il existe de très belles adresses, parmi lesquelles l’étang Shinobazu, dans le parc Ueno, en plein cœur de Tokyo. La période idéale pour les admirer se situe entre la mi-juillet et la mi-août, mais il arrive parfois qu’elles perdurent jusqu’à septembre. Si vous avez l’occasion de vous rendre du côté de Beppu, sur l’île de Kyushu, à partir de la mi-juillet, surtout ne manquez pas de déjeuner sur le site des bouddhas de pierres d’Usuki. Chaque partie de la plante est délicatement cuisinée et mise en valeur dans une vaisselle créée spécialement pour l’occasion. Un éveil des sens étonnant, exquis et coloré, dont vous vous souviendrez.

Pourquoi l’automne n’a pas à « rougir » du printemps ?

Le Koyo, passage du vert aux couleurs de l’automne, est un sublime tableau que les Japonais aiment contempler, avec ses dégradés de jaune, orange, rouge, marron. Au Japon, le Momiji des érables est presque aussi populaire que le Hanami des cerisiers ! Les arbres au feuillage persistant demeurent, alors que les érables revêtent leurs plus belles teintes vives, amplifiées par la lumière. Les ginkgos bilobas centenaires arborent leurs sublimes feuillages dorés, devenus symboles de Tokyo, qui font presque oublier l’odeur particulière dégagée par les arbres femelles. Le pouvoir des feuilles serait-il aussi fort que celui des fleurs ?

Ces quelques semaines particulièrement oniriques durent plus longtemps que les cerisiers en fleurs, et la fréquentation des sites est moins saturée. Si vous vous organisez bien, vous pouvez rester plus de deux mois à observer ce bal de couleurs, de fin septembre à début décembre, en commençant par Hokkaido (sans oublier la rangée de ginkgos de l’Université de la préfecture), puis, le Tohoku et le reste de l’archipel. Dans les Alpes japonaises, le deuxième festival de Takayama, qui a lieu tous les ans les 9 et 10 octobre, célèbre les récoltes de la saison. Une dizaine de chars se déplacent en ville, dans une ambiance exceptionnelle. Ce camaïeu de couleurs est particulièrement intense à la mi-novembre dans la plupart des grands sites. N’hésitez pas à rester jusqu’à début décembre du côté de Tokyo. Les jours raccourcissent, mais la magie de l’automne opère et ces moments de contemplation émouvants paraissent éternels ! En guise de confiserie, le momiji manju, gâteau typiquement japonais, fourré à la pâte de haricots rouges, en forme de feuille d’érable, accompagne à merveille les boissons chaudes.

Quels attraits peut-on trouver au Japon en hiver ?

Quand l’hiver arrive dans les jardins, les branches des arbustes sont suspendues à des fils, tels des pantins végétaux. La neige recouvre une bonne partie du territoire et le ciel est bleu, l’occasion d’apercevoir le Mont Fuji. Pensez juste à emporter des chaussettes épaisses, si toutefois vous devez vous déchausser à l’entrée des temples ou des maisons traditionnelles.

Pour profiter pleinement de cette nature endormie et vivifiante, nous vous recommandons d’expérimenter les sources thermales extérieures, rotenburo. Revêtu d’une tenue traditionnelle japonaise composée de geta, chaussures, et d’un yukata, pyjama plus ou moins épais selon la saison, en général mis à disposition par votre auberge ryokan, vous commencez par vous laver, puis vous vous glissez entièrement nu dans une eau très chaude, en pleine nature. La fumée issue du contraste des températures vous cache suffisamment pour rester en intimité, face à un paysage de carte postale. Puis, détendu, vous retournez dans votre chambre au décor minimaliste et vous vous posez, un thé vert à la main, devant des portes coulissantes japonaises shoji, ouvertes sur un jardin zen. Les petits cailloux sont toujours ratissés, quelques rochers apparaissent et la neige pose son empreinte...

Pour les amoureux de sports d’hiver, la région de Nagano dans les Alpes japonaises et celle de Sapporo sur l’île d’Hokkaido offrent sans doute les plus beaux espaces. En fin de journée à Sapporo, vous pouvez vous réchauffer dans un onsen ou dans un izakaya, bistrot japonais, autour de l’une des nombreuses spécialités locales, en écoutant un concert de jazz.

Et si vous souhaitez voir des fleurs en hiver, l’île d’Okinawa, la plus méridionale du Japon, devrait vous combler. Elle dispose de ses propres espèces de cerisiers dont les floraisons s’annoncent fin janvier et/ou en février, ponctuées de festivités. Sachez également que fin février-début mars, à moins de 2h30 de train de Tokyo, dans la péninsule d’Izu, vous pouvez assister aux floraisons des cerisiers précoces de Kawazu, un spectacle encore peu connu des étrangers.

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